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Anne-Marie Schneider
January 12th - February 25th, 2017
Michel Rein, Brussels
Installation views
About
« Un air d’impromptu surgit au premier regard. Une manière d’occuper le vide et d’animer le support (le subjectile) procède manifestement d’une gestuelle précise, a la fois libre et calculée. L’expérience du tracé traverse les images. L’artiste se suit à la trace. Elle noue un «thème», perd le fil, le retrouve.
La composition de l’image ne prend jamais le pas sur ce qui advient avec et dans le tracé. Chaque moment isolé est une amorce de récit, mais aussi une esquive du récit — cela se vérifie dans les films — ; chaque amorce peut être reprise, retravaillée.
Le dessin organise des éléments plus ou moins lisibles, en restant au plus près d’une activité psychographique, qui se manifeste d’abord et avant tout comme une transcription de sensations kinésiques. Le lieu commun qui fait du dessin une forme d’écriture gestuelle se vérifie constamment.
L’ordre chronologique adopté dans le livre permet de suivre l’approche de la couleur, le passage du trait à l’image peinte, l’expérience de la polychromie grotesque, puis l’apparition du plan monochrome, le bleu, la couleur-lumière, associée au montage burlesque de figures. Ce mouvement global est sans doute une des clés du corpus et de la biographie artistiques d’Anne-Marie Schneider.
Dès ses premiers essais aboutis, en 1988, elle cherchait à transcrire le mouvement et le corps (l’image du corps) en mouvement. Elle voulait traduire ce qui donne à cette expérience sa teneur intime et impersonnelle: les physiologistes parlent d’une « auto-affection de la vie ». Elle pensait avec le dessin (le tracé), en termes de moment et de relations spatiales. Elle ne cherchait pas la continuité d’une durée, elle pensait point, ligne, plan. Chaque tracé sur la feuille blanche est l’inscription d’un mouvement qui pourra être repris, sur une autre feuille. Le tracé accompli est un point d’arrêt. L’artiste fait le point. Mais le point est l’indice d’un imaginaire géométrique : la ligne étiré le point, le projette dans le plan. Ce qui importe, c’est l’énergie et la tension du trait. Le point devient alors invisible. »
Jean-François Chevrier
Extrait du texte de Jean-François Chevrier de la nouvelle monographie d'Anne-Marie Schneider parue aux éditions L ‘Arachnéen. 2016